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L'ethnie minoritaire Xinh Mun au Nord Ouest Vietnam

L'ethnie Xinh Mun, l'un des plus anciens peuples autochtones du nord-ouest du Vietnam, se distingue par une culture profondément enracinée et des traditions séculaires. Vivant principalement dans les provinces de Sơn La et Điện Biên, près de la frontière lao-vietnamienne, les Xinh Mun ont su préserver un mode de vie unique malgré les changements économiques et sociaux qui les entourent. Leur riche patrimoine culturel, marqué par des coutumes ancestrales, des rituels spirituels, et une forte solidarité communautaire, témoigne de leur résilience et de leur capacité à s'adapter tout en préservant leur identité.

1. Origines et répartition géographique

Les Xinh Mun, également connus sous les noms de Puộc, Xá et Pnạ, sont l'un des premiers peuples autochtones du nord-ouest du Vietnam et de l'Indochine septentrionale. Ils résident principalement dans les districts frontaliers entre le Vietnam et le Laos, notamment à Yên Châu, Sông Mã, Mộc Châu (province de Sơn La), ainsi que dans quelques zones de Điện Biên Đông (province de Điện Biên). Ce peuple ancien a développé un mode de vie en harmonie avec les montagnes et les vallées, où ils ont préservé leurs traditions culturelles tout en évoluant avec les transformations économiques de la région.

2. Population

Selon le recensement des 53 minorités ethniques effectué le 1er avril 2019, les Xinh Mun comptaient une population totale de 29 503 personnes, dont 14 793 hommes et 14 710 femmes. La majorité d’entre eux vivent en milieu rural, représentant 99,4 % de la population, avec une taille moyenne de ménage de 4,7 personnes.

3. Langue et éducation

Le Xinh Mun appartient au groupe linguistique môn-khmer, famille des langues austroasiatiques. La maîtrise de la langue thaïe est également courante chez ce peuple, et autrefois, certains utilisaient même l’écriture thaïe. Aujourd'hui, ils emploient principalement l'alphabet commun. Sur le plan éducatif, 64,7 % des Xinh Mun âgés de 15 ans et plus savent lire et écrire, bien que l'accès à l'enseignement secondaire supérieur reste faible, avec seulement 23,6 % de fréquentation, tandis que 21,8 % des enfants ne sont pas scolarisés.

4. Alimentation et vêtements

Les Xinh Mun consomment principalement du riz gluant et du riz blanc, accompagnés de plats épicés. Ils sont amateurs du "rượu cần", un vin de riz traditionnel, et maintiennent la coutume de mâcher du bétel et de se teindre les dents en noir, signe de beauté dans leur culture.
Leurs costumes traditionnels sont fortement influencés par ceux des Thaïs, en particulier chez les femmes, bien qu'elles conservent des détails distinctifs tels que la manière de nouer leurs foulards.

5. Habitat et organisation familiale

Les maisons des Xinh Mun sont construites sur pilotis, avec des toits voûtés en forme de carapace de tortue, un style architectural partagé avec les peuples môn-khmer et les Thaïs noirs. Les familles Xinh Mun sont généralement patriarcales, mais il existe encore de grandes familles multigénérationnelles où plusieurs frères mariés vivent ensemble sous le même toit, comptant parfois jusqu'à 20 ou 30 membres. Les principales lignées familiales sont celles des clans Vì et Lò, qui jouent un rôle prédominant dans la structure sociale.

6. Mariage et coutumes familiales

Les mariages chez les Xinh Mun sont marqués par la tradition du "séjour chez la belle-famille". Avant, un fils devait résider chez ses beaux-parents pendant 8 à 12 ans, voire à vie si la famille de la mariée n'avait pas de fils. Lors de la cérémonie de mariage, les jeunes mariés devaient adopter un nouveau nom commun, donné par les parents de la mariée ou parfois choisi à l'aide de la divination. Après le mariage, le couple passait quelques jours chez la famille du mari avant de s'installer chez la belle-famille pour la durée du séjour.

7. Naissance et rites de passage

Les femmes Xinh Mun continuent à travailler dans les champs jusqu'au jour de l'accouchement, qui se déroule traditionnellement à domicile, près du foyer. Un prêtre est invité lorsque l'enfant approche de son premier anniversaire pour une cérémonie de nomination.

8. Construction de maisons

La construction d'une nouvelle maison est un événement communautaire pour les Xinh Mun. Après la récolte, tout le village participe à l'édification de la maison, en choisissant le terrain par divination. Les jours propices pour construire sont les "jours de l'eau" (2, 6, 8, 9), tandis que les "jours du feu" (1, 7) sont évités. Un oncle maternel est chargé de planter le poteau central et d’allumer la première flamme du foyer, symbole de prospérité.

9. Funérailles et culte des ancêtres

Les rites funéraires commencent par le tir d'un coup de feu pour annoncer un décès. Contrairement à d'autres groupes ethniques, les Xinh Mun n'utilisent pas de cercueils en bois, mais enveloppent les défunts dans des nattes de bambou. Le lieu de la tombe est choisi en lançant des œufs sur le sol, et l’endroit où l'œuf se casse est désigné comme l'emplacement du tombeau.
Les Xinh Mun vénèrent leurs ancêtres sur deux générations, les parents et les grands-parents. Le lieu de culte est marqué par une mâchoire de porc et des offrandes de bétel et d’eau. Chaque année, une cérémonie importante en l'honneur du village est célébrée.

10. Économie et développement

Après 1954, avec les efforts du Parti et de l'État pour sédentariser la population et introduire l'agriculture coopérative, les Xinh Mun ont progressivement changé leurs méthodes agricoles. En plus de la culture sur brûlis, ils se sont adaptés à l'irrigation et à la riziculture sur terrasses. Ils pratiquent également l’élevage de poissons dans des étangs, en complément de l’élevage de bétail et de volaille. Cependant, selon le recensement de 2019, le taux de pauvreté reste élevé, à 65,3 %, tandis que seulement 2,1 % des travailleurs sont diplômés et 0,3 % occupent des postes qualifiés dans les domaines de la gestion ou des techniques.

En dépit des défis économiques, les Xinh Mun maintiennent un riche patrimoine culturel, et leur histoire, leurs croyances et leurs coutumes continuent de faire partie intégrante de leur identité.

11. Vie communautaire et entraide

Dans les villages Xinh Mun, l'esprit communautaire demeure très fort. La solidarité est une valeur centrale, notamment lors d'événements importants comme la construction de maisons, les cérémonies de mariage ou les festivités annuelles. À chaque nouvelle construction, c’est l’ensemble du village qui se mobilise pour aider la famille concernée, et cette tradition d’entraide renforce les liens sociaux et la cohésion entre les membres de la communauté.

12. Festivals et vie artistique

Les Xinh Mun sont un peuple festif, et la musique et la danse occupent une place prépondérante dans leur vie culturelle. Lors des fêtes saisonnières, comme le Tết Nguyên Đán (Nouvel An lunaire) ou les cérémonies rituelles annuelles du village, les hommes et les femmes participent à des chants et des danses collectives, souvent accompagnés de flûtes et d'autres instruments traditionnels. Les chants de répons entre les jeunes hommes et femmes sont une forme d’expression culturelle très prisée, permettant non seulement de célébrer, mais aussi de renforcer les liens entre les générations et de maintenir vivante l’oralité, source de transmission des savoirs.

13. Artisanat et savoir-faire traditionnel

Bien que l'agriculture reste l'activité principale des Xinh Mun, ils sont également réputés pour leur savoir-faire artisanal. Le tissage du bambou et du rotin, la fabrication de vêtements traditionnels et la production d’outils agricoles sont des pratiques artisanales qui se transmettent de génération en génération. Ces savoirs sont non seulement un moyen de subvenir aux besoins quotidiens, mais aussi une expression de l'identité culturelle des Xinh Mun.

14. Évolution et intégration dans la société moderne

Malgré leur attachement à la tradition, les Xinh Mun ont su s’adapter aux évolutions contemporaines. Avec les politiques de sédentarisation et de modernisation initiées dans les années 1950, beaucoup ont progressivement intégré de nouvelles méthodes agricoles, notamment la riziculture irriguée sur terrasses et l'élevage de poissons. Néanmoins, ces changements économiques n'ont pas toujours suffi à éradiquer la pauvreté qui touche encore une grande partie de la population. Le taux de pauvreté élevé, à 65,3 %, reflète les défis auxquels ils sont confrontés dans leur quête d'une vie meilleure, notamment dans les domaines de l’éducation et de l’emploi qualifié.