Les La Ha : Une ethnie enracinée dans les montagnes du nord-ouest du Vietnam

L'ethnie La Ha, peuple autochtone des montagnes du nord-ouest du Vietnam, est profondément ancrée dans cette région depuis des siècles. Répartis principalement entre les provinces de Sơn La et Lai Châu, les La Ha ont su préserver un riche patrimoine culturel et des traditions ancestrales, tout en s’adaptant aux évolutions contemporaines. Leur mode de vie, basé sur l'agriculture de montagne, les croyances animistes et une organisation sociale patriarcale, reflète un lien intime avec la nature et les esprits qui habitent leur environnement. Dans un contexte d'ouverture progressive au monde extérieur, notamment par l'artisanat et le tourisme rural, les La Ha continuent de cultiver leur identité unique, en harmonie avec leur environnement et leur histoire.

1. Origines et distribution géographique

Les La Ha, peuple autochtone du nord-ouest du Vietnam, vivent dans cette région depuis des siècles. Ils se désignent sous les noms de La Ha, Klá et Phlạo, mais sont également appelés Xá Khac, Xá Bung, Xá Khao et d'autres noms par les autres groupes ethniques. Ils se divisent en deux groupes : les La Ha Ung, pratiquant la riziculture inondée, et les Khla Phlạo, spécialisés dans l'agriculture sur brûlis en altitude.

2. Population et langue

Selon le recensement des 53 minorités ethniques de 2019, la population des La Ha est de 10 157 personnes. Leur langue fait partie du groupe des langues Ka Đai (famille Tai-Kadai). Les La Ha, vivant à proximité des Thaï Noirs, parlent couramment le thaï noir en plus de leur langue natale, et certains maîtrisent également le vietnamien ainsi que des langues minoritaires comme le hmong, le dao et le muong.

3. Habitat et organisation sociale

Les La Ha habitent principalement des maisons sur pilotis, dont la structure varie selon qu'elles sont temporaires ou durables. Les maisons temporaires, souvent utilisées par les groupes semi-nomades, comportent deux compartiments principaux, tandis que les maisons durables, typiques des villages sédentaires, sont plus solides et comprennent un espace distinct pour accueillir les invités et un autre pour la famille, marqué par la présence d’un autel familial.

Socialement, les La Ha vivent dans de petites familles patriarcales où le père joue un rôle clé dans la prise de décisions. La succession des biens est réservée aux fils, tandis que les filles reçoivent une dot lorsqu'elles se marient. Les villages fonctionnent comme des unités communautaires où l'entraide est centrale, renforçant la cohésion sociale.

4. Croyances et rites religieux

Les croyances animistes jouent un rôle essentiel dans la vie des La Ha. Chaque village et chaque maison sont perçus comme habités par des esprits qu'il est nécessaire de respecter et d'honorer à travers des rituels. Les ancêtres sont vénérés, mais seulement sur deux générations, principalement les parents défunts. Les forêts des esprits, où les défunts sont enterrés, sont considérées comme sacrées, et il est interdit d'y exploiter les ressources naturelles sous peine de conséquences spirituelles.

5. Modes de vie et alimentation

L'alimentation des La Ha repose sur le riz gluant, le maïs et le manioc, souvent cuits à la vapeur ou fermentés. Bien que le riz blanc commence à apparaître dans leurs repas, il est réservé aux invités. Le vin de riz est la boisson traditionnelle préférée, surtout lors des fêtes, mariages et funérailles.

6. Costumes traditionnels

Les femmes La Ha portent des chemises ornées de boutons en argent, des jupes noires avec une ceinture bleue et coiffent leurs cheveux en chignon après le mariage. Le foulard "Pieu", richement brodé, complète leur tenue. Les hommes s'habillent simplement, avec des chemises courtes et des pantalons amples indigo.

7. Artisanat et savoir-faire traditionnel

L'agriculture de montagne reste l'activité principale des La Ha, avec la culture du riz gluant, du maïs et du manioc. La chasse, la pêche et la cueillette complètent leur subsistance. Au cours du XXe siècle, le tissage s'est développé, avec des techniques de plus en plus élaborées, permettant aux La Ha d'échanger leurs produits dans des marchés régionaux.

En plus de l'agriculture, le tissage et le travail du bambou font partie intégrante des compétences artisanales des La Ha. Les femmes, en particulier, excellent dans le tissage de paniers et d'autres objets utilitaires en bambou et en rotin, utilisés non seulement dans leur quotidien, mais également pour le commerce dans les marchés locaux. Ces objets sont très prisés pour leur qualité et leur durabilité. Le développement du tissage, en particulier dans les années 1990, a permis aux La Ha de diversifier leurs sources de revenus, tout en préservant leur savoir-faire traditionnel.

8. Éducation et développement

En 2019, 60,1 % des La Ha âgés de 15 ans et plus savaient lire et écrire. Bien que l'accès à l'éducation se soit amélioré, les défis persistent, notamment dans les zones rurales éloignées. Les jeunes La Ha, bien que scolarisés en primaire, rencontrent des obstacles dans l'enseignement secondaire et supérieur. Cependant, l'intégration au mode de vie moderne se fait progressivement, notamment par l'apprentissage du vietnamien et la participation à des formations professionnelles.

9. Vie sociale et festivités

Les La Ha organisent des fêtes communautaires où les rites agricoles et les mariages jouent un rôle central. Les mariages suivent une structure traditionnelle avec la dot, mais les jeunes jouissent d'une grande liberté dans le choix de leur partenaire. Les festivités sont accompagnées de chants et de danses traditionnels, renforçant la cohésion familiale et sociale.

10. Art et musique

La danse et la musique occupent une place centrale dans la culture des La Ha. La danse des épées et des boucliers symbolise la fertilité et la protection, tandis que la danse du linga est liée à la prospérité. Ces pratiques artistiques, accompagnées de chants en langue thaïe ou La Ha, sont transmises de génération en génération, assurant la pérennité des traditions culturelles. Les instruments traditionnels tels que les flûtes et les tambours rythment ces célébrations, renforçant les liens entre les générations et préservant l'identité culturelle des La Ha.

11. Impact du tourisme rural

Avec l'essor du tourisme rural dans les régions montagneuses du nord-ouest, les La Ha sont progressivement intégrés dans des initiatives de tourisme communautaire. Ce développement économique leur permet de partager leur culture avec les visiteurs tout en bénéficiant de nouvelles opportunités financières. Cependant, ce phénomène comporte également des défis, notamment le risque d’une transformation rapide de leur mode de vie traditionnel. Néanmoins, les projets de tourisme durable, lorsqu’ils sont bien gérés, permettent aux La Ha de préserver leur patrimoine tout en tirant profit des opportunités économiques modernes.

Ces éléments supplémentaires enrichissent davantage l'article sur les La Ha en mettant en lumière les aspects variés et complexes de leur culture, de leur économie et de leur interaction avec le monde extérieur, tout en soulignant leur capacité d'adaptation aux défis contemporains.

En conclusion, les La Ha, malgré leur petite population, représentent une ethnie profondément enracinée dans les montagnes du nord-ouest du Vietnam, où leurs traditions et croyances demeurent vivaces. Leur mode de vie, intimement lié à la nature et aux rituels animistes, ainsi que leur riche héritage culturel, témoignent d'une grande résilience face aux défis modernes. Tout en s'adaptant progressivement aux changements économiques et sociaux, les La Ha préservent leurs coutumes ancestrales, que ce soit à travers l'agriculture, l'artisanat ou les fêtes communautaires. Leur capacité à évoluer tout en restant fidèles à leur identité en fait un exemple précieux de diversité culturelle au Vietnam.